FLOT

Catherine Beaudette, David Diviney et Matthew Hills

COMMISSAIRES

CATHERINE BEAUDETTE est la directrice fondatrice de 2 Rooms Contemporary Art Projects et de la Biennale Bonavista. À titre d’artiste, de formatrice et d’organisatrice communautaire, elle a lancé de nombreuses initiatives artistiques qui favorisent la collaboration et intègrent l’art à la sphère publique. Fondatrice de la Loop Gallery, à Toronto, elle est aussi professeure associée à l’Ontario College of Art and Design University, à Toronto. Elle a participé à des résidences d’artiste en Espagne, en Serbie et au Monténégro, à Banff, à l’île Fogo, à Dawson City et à La Havane.

 

 

DAVID DIVINEY est le conservateur du volet Art moderne et contemporain de la Art Gallery of Nova Scotia, à Halifax. En 2017, au sein d’une équipe nationale de conservation, il a contribué à mettre sur pied Landmarks/Repères, un réseau de projets artistiques dans les parcs nationaux du Canada. Il avait auparavant occupé les postes de conservateur adjoint à la Southern Alberta Art Gallery et de directeur à la Eye Level Gallery. Il a été trois fois membre du panel de conservateurs au Prix Sobey pour les arts.

 

 

MATTHEW HILLS est directeur de la Grenfell Art Gallery, à Corner Brook, TN, Il a été conservateur de la University of Alberta Art Collection et de la Vancouver Art Gallery. Il a monté des expositions au Agnes Etherington Art Centre, au Modern Fuel et au Belkin Satellite. Il a été président de la programmation de la Nuit Blanche à Edmonton. Il a publié dans Border Crossings, Muse, BlackFlash, Galleries West et Syphon.

 

 

La Biennale Bonavista dans son ensemble est une grande installation in situ qui interagit avec le cadre naturel et culturel environnant. La péninsule de Bonavista est une langue de terre d’environ 20 kilomètres de large et de plus de 85 kilomètres de long qui s’avance dans l’océan Atlantique. Ses paysages escarpés, son vaste littoral, ses petits ports de pêche, les Premières Nations qui ont précédé la venue non sollicitée des colons en ont fait un lieu d’une culture et d’une géographie uniques.

Séparée du Labrador par le détroit de Belle Isle et de la Nouvelle-Écosse par le détroit de Cabot, Ktaqmkuk — le nom micmac de Terre-Neuve — reste encore isolée sur la carte. Pourtant, ce territoire traditionnel non cédé s’est avéré un point stratégique sur les routes migratoires et commerciales qui ont relié pendant des siècles les peuples de Ktaqmkuk et ceux des autres parties de l’île de la Tortue (Amérique du Nord) et de l’Europe. On pourrait dire que Terre-Neuve occupe un espace interstitiel, à la fois « décentré » et « entre-deux ». Cette dualité, contradictoire en apparence, laisse place à de multiples interprétations de l’identité, de l’appartenance et d’autres enjeux interreliés.

Inspirée par la position géographique particulière de Terre-Neuve, la deuxième édition de la Biennale Bonavista — intitulée FLOTa voulu que son rayonnement dépasse l’espace environnant pour s’étendre à celui, plus vaste, du littoral nord-américain. Les expositions ont été jumelées à une démarche historiographique pour mettre en lumière des relations dynamiques plurielles qui se révèlent au-delà de la première perception. Tout en saluant l’histoire et la culture des Béothuks, Micmacs, Innus et Inuits de la province qui ont été occultées par l’influence du colonialisme, cette plateforme a voulu (ré)aborder l’histoire de l’échange et du dialogue dans toute la région. La Biennale a convié vingt-et-un artistes du milieu de l’art contemporain de Terre-Neuve-et-Labrador et d’autres régions du Canada et des États-Unis à présenter de nouvelles œuvres ou commandes qui interrogent passé et présent pour scruter les perspectives d’avenir : Jordan Bennett, Bob Blumer, María Magdalena Campos-Pons, Ian Carr-Harris + Yvonne Lammerich, Kym Greeley, Robert Hengeveld, Anna Hepler, Jason Holley, Thaddeus Holownia, Barb Hunt + Jane Walker, Mark Igloliorte, Wanda Koop, Meagan Musseau, Sean Patrick O’Brien, Paulette Phillips, Meghan Price, Jerry Ropson, Camille Turner et D’Arcy Wilson.

La thématique de l’exposition a mis en phase ce dialogue avec les courants qui ont façonné Terre-Neuve, la place que l’île occupe dans l’espace géographique et notre conscience collective. Elle a embrassé des notions plus vastes comme la mobilité, la surface des choses, le territoire et le chez-soi.

L’intégration des œuvres dans des cadres historiques et naturels de la péninsule de Bonavista constitue une composante essen-tielle et intrinsèque de la Biennale. Présentée dans une grande palette de bâtiments historiques et d’espaces publics le long d’un circuit de 100 kilomètres bordé de collectivités rurales, elle vise à générer une discussion dynamique stimulée par cette terre riche de cultures singulières et de paysages grandioses. Dans des sites aussi insolites qu’une usine de traitement de poisson, une école désaffectée, une église, un caveau à racines et des prés verdoyants à l’aplomb de la mer, les artistes ont animé des ateliers et des présentations qui ont mis en scène les histoires locales et révélé celles qui n’avaient jamais été contées. Cette rencontre des lieux, des moments et des concepts a fait vivre des expériences personnelles et collectives, tournées à la fois vers soi, vers l’autre et vers le monde.

La Biennale Bonavista se distingue également par la belle complicité qui se tisse entre les artistes et les collectivités qui accueillent leurs œuvres. Pour resserrer davantage ces relations, la programmation de cette édition 2019 a inclus de nombreuses activités — conférences, présentations d’artistes et ateliers pratiques — destinées à un public élargi (jeunes, résidents et visiteurs) sur les thèmes explorés dans l’exposition. Ces ac-tivités visaient à donner corps à l’engagement de l’auditoire, à faciliter les discussions difficiles, mais constructives, à accroître l’accès du public et à répondre aux attentes du tourisme ex-périentiel en positionnant la région comme une destination culturelle incontournable.

La nature fluide de Terre-Neuve et de ses collectivités rurales est en phase avec les outils de négociation et d’innovation que seuls les artistes contemporains peuvent si bien offrir. Grâce à des activités artistiques participatives en interaction avec leur cadre, FLOT a ancré des contextes extrarégionaux et internationaux dans la réalité locale en invitant les visiteurs à participer à un dia-logue riche de sens par l’approfondissement des récits et leur réimplantation dans les sillons fertiles des possibles créatifs.