Jonathan S. Green utilise la gravure comme médium et processus, jouant d’un éventail de techniques d’impression pour ébranler les notions conventionnelles de domination de la nature par l’homme. Il se dégage de son oeuvre une vision étrange et inquiétante du paysage, qui appelle à réconcilier le passé colonial avec la volonté actuelle de vivre et de contrôler la nature sauvage. Des extraits des écrits de l’artiste, du roman Duke de l’écrivaine terre-neuvienne Sara Tilley et de l’oeuvre de romancier du 19e siècle Jack London trouvent un écho dans l’imagerie des refuges bâtis et cabanes en bois détériorées, souvent léchés par les flammes. Dans une Biennale dont le thème est inspiré du philosophe, environnementaliste et libre-penseur Henry David Thoreau, le fondement conceptuel et critique de l’oeuvre souligne l’hypocrisie de la notion coloniale de la domination de la nature. L’image entretenue par Thoreau d’une autosuffisance à la dure se voit contredite par le fait qu’il squattait un territoire emprunté, vivait dans une maison construite avec une hache empruntée et confiait sa lessive à sa mère.
Green a recueilli les images de structures délabrées dans le cadre de la Canadian Wilderness Artist Residency. Son oeuvre de la Biennale Bonavista 2021 efface les récits coloniaux de conquête et d’appropriation de la nature, invitant à des actions minimalistes et intrinsèquement temporaires. Plus qu’une plateforme abstraite d’une relation nouvelle avec le monde naturel, les gravures de l’artiste tracent un avenir qui s’articule autour de l’importance de l’environnement et de notre sensibilité. Une esquisse qui n’ignore pas l’histoire — les échecs et les erreurs qui ont causé tant de destruction — pour plutôt retenir et refondre les leçons du passé qui peuvent nous projeter vers un avenir meilleur.
MH